Les réfugiés prennent la parole dans Libération

Mardi 7 Mars 2017, Libération publiait pour la première fois un numéro spécial écrit par des réfugiés qui ont trouvé une terre d’accueil en France. En traitant des sujets d’actualité français et internationaux, ils ont pu partager leur point de vue sur des sujets politiques, économiques et culturels et pas seulement sur des problèmes liés à l’immigration.

Libé

C’est donc avec grand intérêt que nous avons suivi, pendant plusieurs mois de préparation, nos journalistes de Français Langue d’Accueil. Enthousiastes et fiers de pouvoir s’exprimer dans un journal aussi reconnu que Libération, ils ont longuement et rigoureusement travaillé à la tâche. Trois d’entre eux ont pu voir leurs articles publiés sur le journal papier du 7 Mars : Arman Tajiki, Lamia Abushkiwa et Sediqa Dowlat. Deux autres articles, ceux d’Abdul-Hakim Hamadi et de Fatima Lesani sont parus sur le site internet de Libération.

Plusieurs articles font état des différences qui existent entre la France et les pays du Moyen-Orient. C’est le cas d’Arman, chargé d’accueil chez Français Langue d’Accueil et microbiologiste formé en Iran qui décide d’aborder thème du Sida. Une maladie traitée de façon complètement différente dans son pays d’origine (l’Afghanistan) et en France. On y apprend notamment qu’en Iran ou en Afghanistan une personne séropositive ne bénéficie par forcément de soins gratuits, contrairement à la règle de l’OMS. Le plus grand malheur est que ces porteurs du virus, au lieu d’être pris en charge correctement, « subissent des pressions psychologiques, un isolement et une mise en quarantaine ». Dans un pays où l’homosexualité est un délit puni par la loi, ces malades « jugés coupables de relations illégitimes » sont « discriminés ». Un pays qui devrait s’inspirer de « l’Hexagone où 100 % des malades sont pris en charge » et où le nombre de morts est passé de « 120 par an il y a 30 ans à douze décès annuels aujourd’hui ».

Du côté de la culture, Abdul-Hakim Hamadi fait un portrait élogieux de la capitale parisienne avec son « splendide mélange de tradition, de modernité dans l’architecture de l’art » et sa « diversité de couleurs, de langues, de cultures et de traditions qui se manifeste dans chaque recoin de la ville ». Il s’étonne alors de la « différence flagrante dans la façon de faire du tourisme entre les visiteurs venant des pays musulmans et ceux provenant d’Asie, d’Europe et d’Amérique » en continuant : « les gens du Moyen-Orient […] semblent peu attirés par le tourisme culturel. Ils sont plutôt intéressés par le shopping, les magasins de parfums, de vêtements et les bijoux Swarovski ». Regrettant ce manque de curiosité et de sens artistique de la part de ses congénères, il finit par une citation d’un certain Ernest Hemingway concluant qu’il « est heureux de vivre à Paris ».

Paris est belle. Et elle s’exprime par « son espace public, scène permanente de l’expression artistique ». Fatima Lesani, étudiante chez Français Langue d’Accueil vante aussi la richesse artistique de Paris qui « fait partie intégrante de la vie quotidienne et s’étale sur la place publique » dont le but selon elle est de « faire danser les sentiments ». Poétique. Une belle initiative qui permet « une rencontre » entre les artistes et le public participant ainsi « à la formation de l’œuvre ».

Au-delà des différences montrées plus haut entre la France et les pays du Moyen-Orient, Lamia Abushkiwa, diplômée d’une licence d’anglais et réfugiée lybienne depuis 2014 remarque que la France et la Lybie, pays différents sur tant d’aspects s’entendent au moins sur un point : « le grand nombre de files d’attente ! ». Un de « ses plus gros chocs » en arrivant dans la capitale parisienne. Lamia nous raconte notamment les queues interminables et glacées devant la préfecture, les « galériens de la Caf », les « épreuves du pass Navigo », les faux-bons chez le médecin et d’autres encore. Ces petites histoires viennent peut-être montrer que les parisiens aiment finalement attendre dans les files… Comme le dit Lamia, peut-être est-ce même « un art de vivre ? ».

Enfin, dans un registre totalement différent, la cinéaste afghane Sediqa Dowlat nous montre l’évolution utilitaire de l’image qui règne en Afghanistan dans un contexte de tyrannie talibanne. « Regarder un film est devenu l’une des actions les plus subversives […] ils considèrent la capture d’images d’êtres vivants comme une reproduction de la création divine, un signe ultime de paganisme et de mécréance ». Mais alors que les bobines ont été brûlées, « les salles fermées » et « les machines permettant la reproduction et la diffusion des films disparues », Sediqa nous fait remarquer un point paradoxal dans « leurs positions par rapport à l’image et la vidéo. […] Pour montrer à leurs disciples qu’ils étaient toujours présents et actifs, ils n’ont eu d’autres choix que de réaliser et de diffuser des vidéos de leurs actions, dérogeant ainsi à leur opposition à l’image. […] Une contradiction totale avec la vision religieuse des Talibans ». Hypocrisie autoritaire.

Nous tenons à remercier la rédaction de Libération qui a donné la parole à ces personnes aux histoires difficiles et qui à force de persévérance et malgré les embûches, accomplissent des choses extraordinaires. Nous avons tant à apprendre d’eux.

Phrase semaine 2

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