Être bénévole en atelier sociolinguistique chez Français langue d’accueil, c’est comment ?

Eric, Françoise et Joséphine, bénévoles chez Français langue d’accueil, ont accepté de partager leurs expériences au sein de l’association.

Joséphine (gauche) et Françoise (droite)

Depuis combien de temps faites-vous partie de l’équipe bénévole F.L.A. ?

Eric: « J’ai rencontré les responsables de l’association en Janvier 2019 et après quelques visites d’observation et mes premières formations proposées par F.L.A., j’ai débuté l’animation des ateliers sociolinguistiques, en binôme, en mars 2019. Sur mes 2 premières années, j’ai animé des ateliers auprès d’apprenants débutants peu scolarisés (PSB) et depuis la rentrée 2020-2021, j’anime un atelier de niveau A1. »

Françoise: « Je suis bénévole depuis 10 ans. »

Joséphine: « Je suis bénévole à F.L.A. depuis janvier 2020, et j’y fais maintenant mon stage de M2, depuis janvier 2021. »

Pourquoi avez-vous décidé de devenir bénévole au sein de F.L.A. ?

Eric: « Depuis de longues années j’avais l’intention de m’impliquer comme bénévole dans le milieu associatif. L’élément véritablement déclencheur furent mes passages répétés en voiture Porte de la Chapelle où j’observais impuissant les conditions de vie de plus en plus déplorables  de nombreux réfugiés ….et  inacceptables en France de nos jours. Je me devais d’aider…mais comment et quoi faire, à mon humble niveau ? Après une recherche sur internet des différentes possibilités de bénévolat dans l’aide aux migrants, j’ai vite compris que l’apprentissage du français était une priorité pour eux, aussi bien pour leur intégration mais aussi pour leur propre sécurité, à court et moyen terme. J’ai donc orienté mes recherches dans ce domaine et très vite l’association Français langue d’accueil m’est apparue très sérieuse, expérimentée et de grande qualité. Cela m’a été confirmé dès mes premiers contacts avec l’équipe permanente et les autres bénévoles, dont je suis ravi de faire dorénavant partie depuis 2 ans et demi. »

Françoise: « J’avais déjà fait de l’alphabétisation il y a quelques années et à la retraite, il m’a semblé logique de reprendre cette activité. La situation précaire des réfugiés et demandeurs d’asile m’a toujours préoccupée et j’avais besoin de leur apporter une aide. L’enseignement du français m’a paru une façon parmi d’autres d’être utile à leur intégration dans notre pays. »

Joséphine: « Je suis en Master de français langue étrangère, et je voulais avoir une expérience réelle de l’enseignement, en plus des cours du master qui sont surtout très théoriques. J’ai reçu dans ma boîte mail un appel à bénévoles de F.L.A., transmis par la responsable du Master, je me suis renseignée un peu sur l’association et ses valeurs et son projet m’ont beaucoup parlé, donc je me suis lancée et voilà ! »

Qu’est-ce que vous appréciez le plus en animant votre atelier ?

Eric: « Le contact avec les apprenants d’origines culturelles très différentes,  leur soif d’apprendre, leur bonne humeur permanente malgré souvent un parcours de vie très difficile, et leur joie communicative de progresser sont de véritables plaisirs pour nous, les bénévoles. Nous apprenons tout autant à leur contact. Une véritable leçon de vie à chaque atelier. »

Françoise: « La motivation et l’assiduité des apprenants, malgré leurs parcours chaotiques et leurs difficultés quotidiennes m’impressionnent. Quand, ils vous remercient, quelquefois un ou deux ans après, de les avoir aidés à progresser, c’est très gratifiant et émouvant. »

Joséphine: « La relation avec les participants, je pense. En fait j’ai l’impression de plus apprendre d’eux qu’ils n’apprennent de moi ! En plus j’en suis encore au tout début de mon « parcours d’enseignante » donc j’ai l’impression d’avoir une marge de progression infinie, et d’apprendre et de comprendre à chaque cours plein de choses sur ce travail, sur les manières de faire passer l’information, d’aider les participants à progresser… Mais sinon ce qui me plaît le plus, c’est vraiment de discuter avec les participants, voir les choses de leur point de vue et donc connaître d’autres cultures et d’autres façons de voir le monde. »

Quel est l’impact de la situation sanitaire sur votre atelier ?  Comment vous êtes-vous adapté.e ?

Eric: « A l’image de l’ensemble des ateliers, la situation sanitaire actuelle a impliqué la réduction du nombre de participants  par classe, la réduction des heures de cours en présentiel par semaine pour chaque participant et l’animation par un seul bénévole par atelier. De ce fait nous avons initié des échanges complémentaires à distance, essentiellement par WhatsApp, aussi bien durant les périodes de plein confinement mais également en complément des  cours hebdomadaires en présentiel,  avec l’envoi et la correction d’exercices ou de quiz que l’on peut plus facilement adapter au niveau de chaque apprenant. A ce titre, la réduction du nombre de participants par groupe (environ 6 à 8 aujourd’hui) nous permet d’avoir un meilleur suivi individuel et d’apporter le soutien nécessaire à ceux qui en ont besoin. »

Françoise: « Cela n’a pas été très simple. Il a fallu apprivoiser les outils numériques. La formation WhatsApp [proposée par l’association à destination des bénévoles] m’a aidée et j’ai pu l’utiliser avec les participants de mon groupe. C’était mieux que rien car on a maintenu un lien social et on a pu mettre des mots sur leur isolement pour certains. Mais rien ne vaut le présentiel qui crée un lien plus intime et privilégié. De même une interaction, surtout à l’oral, permet de réagir dans l’instant. »

Joséphine: « Au début, pendant le confinement on a dû faire des cours par WhatsApp, ce qui était assez compliqué… Maintenant on fait cours en présentiel, avec des plus petits groupes de 8 à 9 participants selon les salles. Le petit nombre c’est plutôt une bonne chose, comme ça tout le monde peut participer, on voit tout de suite qui a des difficultés et donc on peut plus aider. Par contre, les groupes alternent davantage et ont cours moins souvent, donc on doit vraiment maintenir le lien entre les cours, en envoyant des messages sur WhatsApp, des exercices à faire à la maison… J’ai l’impression qu’on s’en remet plus aux téléphones donc ça change légèrement la façon d’apprendre. Même en classe on se sert souvent des téléphones, on a beaucoup plus intégré la technologie dans l’apprentissage. »

Pourriez-vous nous parler d’une activité récente qui a bien fonctionné au sein de votre groupe ?

Eric: « À la fin de l’année dernière, j’ai proposé à mon groupe d’apprenants  débutants de venir visiter le  quartier de Montmartre.  A l’aide d’un jeu de piste composé de questions/réponses, ils ont pu découvrir les principales attractions de ce quartier historique tout en pratiquant leur français. Un super après-midi, au cours duquel ils étaient tous très contents de se retrouver, ensemble,  dans un autre cadre que celui de la classe. Nous avons fini notre balade éducative sur l’esplanade du Sacré-Cœur, devant la vue panoramique de Paris et nous avons fait une petite vidéo souvenir où chacun a souhaité s’exprimer librement en français. Certains ont par la suite voulu envoyer la vidéo à leur famille et amis dans leur pays, pour partager avec eux ce moment de joie depuis Paris. »

Eric et les participants à Montmartre, 2020.

Françoise: « Les jeux de rôles qui libèrent la parole et apportent un côté récréatif à l’atelier sociolinguistique. »

Joséphine: « Comme mon groupe est en alphabétisation, on travaille beaucoup l’écrit, donc récemment je leur ai demandé de jouer chacun leur tour l’assistant d’un médecin qui donne un rendez-vous à un autre apprenant. Ils étaient obligés d’écrire les informations personnelles de l’autre participant, chacun devait donc se débrouiller pour poser les bonnes questions ou faire passer les bonnes informations. Comme ils ont pris leur rôle très à cœur, ça a très bien marché et ils ont même commencé à ajouter des questions, à débattre de l’heure de rendez-vous, même à faire des blagues… C’était un exercice d’entraînement pour bien écrire, épeler son nom etc. comme on en fait souvent en alphabétisation mais comme il y avait un « vrai » enjeu doublé d’une dimension ludique, ça a très bien marché, ils ont dû inventer des stratégies, collaborer et ils ont même poussé l’exercice plus loin. »

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